Page 327, chapitre XXXVI de "Martin Eden", livre autobiographique de Jack London, publié en 1909.
« -Viens... je vais te montrer la vraie fange, lui dit Brissenden, un soir de janvier.
Ils avaient dîné à San Francisco et attendaient le ferry d'Oakland sous le préau de l'embarcadère, quand l'idée lui vint de montrer « la vraie fange » à Martin. Il tourna les talons et traversa les quais, spectre noir dans un manteau trop large, suivi de Martin qui trottinait comme son ombre derrière ses basques flottantes. Dans un magasin de spiritueux, il acheta deux dames-jeannes de vieux porto et, l'une dans chaque main, monta dans le tram de Mission Street. Martin fermait la marche, lesté de plusieurs quarts de whisky.
« Si Ruth me voyait... », songeait-il, sans cesser de se demander ce que pouvait être la vraie fange.
- Il n'y aura peut-être personne, dit Brissenden quand ils descendirent de voiture pour s'enfoncer dans le cœur du ghetto ouvrier , au sud de Market Street. Auquel cas, tu rateras ce que tu cherches depuis si longtemps.
- Diable ! Et qu'est-ce que c'est ?
- Des hommes. Des hommes intelligents, pas les radoteurs avec lesquels je t'ai vu te compromettre dans la tanière de ce boutiquier. Tu as lu des livres et tu t'es retrouvé tout seul. Eh bien, ce soir, je vais te montrer d'autres hommes qui ont lu des livres. Comme ça, tu seras moins seul.
« Non que je fasse mes choux gras de leurs interminables discussions, reprit-il au détour d'une rue. Je ne suis pas amateur de philosophie livresque. Mais tu verras que ces gaillards-là sont des têtes et non des cochons de bourgeois. Mais attention, ils ont une encolure d'avance sur toi dans n'importe quel sujet.
Il eut bientôt le souffle court, mais refusa que Martin le déchargeât des deux dames-jeannes.
- Pourvu que Norton soit là, continua-t-il. Norton est un idéaliste, un ancien d'Harvard. Une mémoire prodigieuse. L'idéalisme l'a mené à l'anarchisme, et sa famille l'a jeté dehors. Le père est un gros bonnet du rail, plusieurs fois millionnaire, mais le fils crève la faim à Frisco. Il édite une feuille anarchiste pour vingt-cinq balles par mois. »
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non je n'ai pas vu le film avec Glenn Ford :
http://movies.nytimes.com/movie/review?res=9507E2D91439E33BBC4E52DFB5668389659EDE
mais juste la vidéo suivante :
http://www.youtube.com/watch?v=DP4Hc0lwhp4
Rédigé par : Michel | 29/01/2011 à 14h54
Encore une fois MERCI Michel pour les htpp, avez vous vu le film avec Glenn ? La fnac Espagne m'envoi Martin Eden en espagnol bientôt ! Viva internet y mis amigos reporters de la Auvergña Francesa !
Rédigé par : domino | 29/01/2011 à 10h38
Pour en savoir plus sur ce livre autobiographique, qui est considéré comme son chef d'oeuvre :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Martin_Eden
http://www.ratsdebiblio.net/londonjackmartin.html
Rédigé par : Michel | 27/01/2011 à 10h55
Je veux le lire en entier !!!!
L'idéalisme est un mot énorme !!!!
Rédigé par : domino | 27/01/2011 à 08h27