La ferme des Joubs a de la chance car cette année elle est la première à accueillir les tondeurs.
Robert est tondeur depuis un demi-siècle, en dehors de son travail et Thierry son fils depuis une vingtaine d'années. Ils le font bénévolement par solidarité avec les petits éleveurs de la région.
Malheureusement la laine est mise à la poubelle car personne n'en veut.
La bête gigote, éructe, bêle, mais sous la poigne grasse de suif du tondeur au dos courbé, la machine ronronnante entaille, taille, effeuille, effleure, coupe, entame, rase et arase avec précision; après bien des contorsions la belle enfin laisse tomber sa toison.
"Il ne s'agit pas de la blesser, car si on coupe une tétine elle est foutue la brebis".
Le bourdonnement des tondeuses cesse.
Michel tient bon la dernière brebis pendant que Jacques, podologue averti, lui fait les ongles.
Robert sort alors son paquet d'gris qu'il propose à la cantonade, arrosé d'un "p'tit rouge de pays".
"Et voilà l'travail, il ne reste plus z'à l'été qu'à arriver", bêle en zozotant le mouton noir.
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