A cette époque de l'année, la nationale 1 qui longe la côte, que nous empruntons pour rentrer sur Frisco pourrait s'appeler la route des cucurbitacées, tellement sont nombreux les champs où elles sont cultivées.
Dans l'attente de l'Halloween, pour le plus grand plaisir de tous, des tonnes de citrouilles sont exposées.
+ 1, le premier du joli moi de mai, face au Pacifique.
Peut-être cette camionnette est-elle la petite sœur de Rocinante, celle que Steinbeck avait aménagée en 1960, pour faire le tour des Etats-Unis avec Charley, son caniche berrichon, à une époque ou il espérait retrouver l'inspiration ?
Il ira de New York à Monterey par le nord et il reviendra par le sud.
Pour autant, ce périple, cette errance, cette grande boucle sur la mappemonde, ne l'auront pas réconforté, car il rentrera désabusé par ce qu'il aura ressenti chez les gens de son pays.
John Steinbeck est né à Salinas et l'histoire de son livre "A l'est d'Eden" se déroule dans cette vallée agricole au début du XXème siècle. il y défend l'importance de l'individu dans la société;
«Notre espèce est la seule créatrice et elle ne dispose que d'une seule faculté créatrice : l'esprit individuel de l'homme. Deux hommes n'ont jamais rien créé. Il n'existe pas de collaboration efficace en musique, en poésie, en mathématiques, en philosophie. C'est seulement après qu'a eu lieu la création que le groupe peut l'exploiter. Le groupe n'invente jamais rien. Le bien le plus précieux de l'homme est le cerveau isolé de l'homme.»
Aujourd'hui, Salinas vit toujours grâce à l'agriculture, mais une agriculture industrielle fortement utilisatrice de pesticides.
En plus des fruits et des légumes ( fraises, artichauts, brocolis, oignons, aulx, choux fleurs, dans des quantités titanesques ) , cette région produit 80% des laitues américaines.
«Voici pour quoi je me battrai : la liberté pour l'esprit de prendre quelque direction qui lui plaise.
Et voici contre quoi je me battrai : toute idée, religion ou gouvernement qui limite ou détruit la notion d'individualité. Tel je suis, telle est ma position.
Je comprends pourquoi un système conçu dans un gabarit et pour le respect du gabarit se doit d'éliminer la liberté de l'esprit, car c'est elle seule qui, par l'analyse, peut détruire le système.
Oui, je comprends cela et je le hais, et je me battrai pour préserver la seule chose qui nous mette au-dessus des bêtes qui ne créent pas.»
Il obtint le prix Nobel de littérature en 1962.
Extrait de "Cannery row", de John Steinbeck; l'histoire se déroule dans cette ville de Monterey où il vécut quelques années.
Des fresques représentent certaines scènes de son livre dont quelques propos sont retranscrits sur..., des boites de sardines.
«Les sifflets de la conserverie retentissent et de toute la ville, les hommes et les femmes sautent dans leurs vêtements avant d'accourir plus bas, sur la chaine de production.
La fabrique de conserves gronde, hoquette, cliquette, jusqu'à ce que le dernier poisson soit nettoyé, coupé, cuit et mis en boîte.
Alors de nouveau les sirènes poussent leurs cris stridents, au milieu de la graisse puante, les ritals fatigués, les chinetoques, les polaks, femmes et hommes, s'écoulent au dehors, le corps las, courbés, sans manière, gravissant en se trainant vers la ville, la colline, pendant que la conserverie retrouve son calme.»
"Rue de la sardine".
Dans ce quartier cher à John Steinbeck, au début du XXème siècle, les conserveries étaient nombreuses, mettant en boite la baleine aussi bien que la sardine; trop fort !
Toutefois, l'homme était fort sympathique.
Mais le poulpe est intelligent et il sait être amical.